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Titre

Trois preuves logiques de l’agnosticisme ontologique.
D’Aristote à la logique propositionnelle.

Essai philosophique, Parution ; Août 2025

Introduction

L’agnosticisme ontologique repose sur une idée simple :

Si toute connaissance est conceptuelle, et qu’aucun concept n’est identique à la chose elle-même, alors aucune connaissance ne peut coïncider avec l’être.

Cette idée peut se formuler dans plusieurs systèmes logiques, de la plus ancienne — la logique aristotélicienne — jusqu’à la logique propositionnelle moderne, en passant par la logique booléenne.

Nous allons voir que, quel que soit le langage logique utilisé, la conclusion est toujours la même. Cela montre que l’agnosticisme ontologique n’est pas une opinion, mais un résultat structurel.

I. Logique aristotélicienne

La logique aristotélicienne utilise des syllogismes catégoriques — des raisonnements composés de deux prémisses et d’une conclusion, organisés selon des formes strictes.

Forme utilisée : Barbara (AAA-1)

  • Majeure : Toutes les connaissances humaines sont conceptuelles. (Tous les K sont C)
  • Mineure : Aucun concept n’est identique à la chose. (Aucun C n’est I)
  • Conclusion : Aucune connaissance humaine n’est identique à la chose. (Aucun K n’est I)

Visualisation par diagramme de Venn :

  • Cercle K (connaissance) entièrement inclus dans cercle C (conceptuel).
  • Cercle I (identique à la chose) disjoint de C.
  • Résultat : K est forcément disjoint de I.

II. Logique booléenne

La logique booléenne exprime les relations par des variables et des valeurs de vérité (Vrai ou Faux).

Traduisons les énoncés :

  • K : « Connaissance humaine »
  • C : « Conceptuel »
  • R : « Représente la réalité telle qu’elle est »

Formules :

  1. K ⇒ C — Si quelque chose est une connaissance humaine, alors c’est conceptuel.
  2. C ⇒ ¬ R — Si quelque chose est conceptuel, alors ce n’est pas identique à la réalité telle qu’elle est.
Conclusion :
K ⇒ ¬ R — Si quelque chose est une connaissance humaine, alors ce n’est pas identique à la réalité.
Table de vérité simplifiée :
K C R P1 : K ⇒ C P2 : C ⇒ ¬ R Conclusion : K ⇒ ¬ R
V V F V V V
V V V V F F
F V F V V V
F F F V V V

→ Dans toutes les lignes où les prémisses sont vraies, la conclusion est vraie.

III. Logique propositionnelle

La logique propositionnelle moderne permet une formulation plus générale et abstraite.

Notations :

  • K(x) : « x est une connaissance humaine »
  • C(x) : « x est conceptuel »
  • I(x) : « x est identique à l’être »

Prémisses :

  1. ∀x (K(x) → C(x))
  2. ∀x (C(x) → ¬I(x))

Conclusion :

∀x (K(x) → ¬I(x))

Démonstration :

  1. De (1), si 𝐾(𝑥) K(x) alors 𝐶(𝑥).
  2. De (2), si 𝐶(𝑥) alors ¬𝐼(𝑥).
  3. Par transitivité de l’implication, si 𝐾(𝑥) alors ¬𝐼(𝑥).
  4. Donc la conclusion est logiquement nécessaire.

Conclusion

Qu’on raisonne comme Aristote, qu’on utilise l’algèbre de Boole ou qu’on adopte la logique propositionnelle moderne, le résultat est identique : « si toute connaissance humaine est conceptuelle, et si aucun concept n’est identique à la chose, alors aucune connaissance humaine ne peut coïncider avec l’être. »

Cette convergence montre que l’agnosticisme ontologique n’est pas une spéculation, mais une conséquence logique indépendante du langage formel employé. C’est sur cette base que l’infraphysique et la phronétique proposent non pas un système de savoir, mais une attitude lucide face au réel.

Théorème de l’agnosticisme ontologique
∀ x [ K(x) → Illus(x) ]
For all x: K(x) -> Illus(x)

Sens : si quelque chose est une connaissance humaine, alors elle est non-coïncidente avec l’être (donc « illusoire » au sens ontologique).

Prémisses minimales (cliquez pour voir)
  • ∀ x [ K(x) → C(x) ]
  • ∀ x [ C(x) → ¬ I(x) ]
  • ∀ x [ ¬ I(x) → Illus(x) ]

Chaînage : K(x) → C(x) → ¬I(x) → Illus(x).

Post scriptum : Cet article fait partie d’un projet plus vaste explorant les limites de la pensée conceptuelle. Voir la page d’accueil.